Alors que les « French Tech Weeks » s’ouvrent le 24 septembre à Marseille et Aix, passons en revue les atouts qui pourraient bien faire de ce territoire la future “Silicon Valley” européenne.
Exit les très médiatiques règlements de compte à la kalach. La 2ème ville française se prépare à trois semaines riches en évènements pour faire “claquer” son économie numérique !
Une deuxième édition pour ces « French Tech Weeks », un peu plus d’un an après qu’Aix-Marseille ait obtenu le label « French Tech”, décerné par le ministère de l’Economie, au même titre que neuf autres métropoles. Et Aix-Marseille prend son nouveau rôle très à cœur. Au point de s’imposer dans le paysage entrepreneurial international ? Cette vallée numérique du Sud en a en tout cas tous les atouts :
• UN VIVIER D’ACCÉLÉRATEURS SOLIDE DÉJÀ EN PLACE
Les neuf accélérateurs de la métropole provençale apportent une aide financière aux startups comme NetAngels, porté par l’entrepreneur Denis Liotta. « Le territoire est très attractif. Il y a beaucoup d’aides régionales et contrairement à Paris, l’accompagnement est plus personnalisé », témoigne-t-il.
De son côté, la plus grande pépinière Marseille Innovation, qui accompagne 135 startups, vient de réussir un coup de maître : signer un partenariat avec Amazon. Le géant américain va reverser 500.000 euros à 100 jeunes entreprises du secteur numérique. Et ce n’est pas un hasard si Amazon s’intéresse à ce territoire aux atouts également historique et structurel.
• LE PLUS PUISSANT RÉSEAU INTERNET D’EUROPE
Marseille est devenue un « hub » de la connectivité internationale avec ses 20.000 km de câbles sous-marins qui la relient à l’Afrique et l’Asie du Sud-Est. Un avantage certain par rapport aux autres métropoles européennes : le ratio de coût est de 1 à 10 entre la pose d’un câble au fond de l’eau et sur terre.
Les leaders du datacenter ont flairé la bonne affaire et s’y sont installés comme le leader européen Interxion. Arrivée en avril dernier, l’entreprise hollandaise a investi 45 millions d’euros et bénéficie de huit câbles sous-marins arrivant dans la cité phocéenne. L’entreprise « n’a pas vocation à s’implanter en province, mais Marseille possède un positionnement unique comme point de transit de télécommunications internationales (…) Il était fondamental d’y être. Ce sont nos clients américains qui nous l’ont demandé », explique Fabrice Coquio, le président d’Interxion France. Il n’est pas le seul. Jaguar Network, hébergeur informatique, pèse 24 millions d’euros et compte près de 80 collaborateurs, un chiffre qui a quasiment triplé en dix-huit mois.
• UN CARREFOUR GÉOGRAPHIQUE ET ATTRACTIF POUR LES ENTREPRENEURS
Porte vers l’Afrique du Nord, Marseille est le 1er port français et la 1ère zone exportatrice vers la Méditerranée. Ce balcon commercial permet de viser un marché international, tout en disposant de loyers et de bureaux abordables, dans un cadre de vie ensoleillé avec les pieds dans l’eau…
Beaucoup d’entrepreneurs rêvent du sud. Certains ont déjà franchi le pas comme Denis Philippon, co-fondateur de Voyage-privé.com. Après Paris et la jungle de la Silicon Valley, l’entrepreneur a préféré la chaleur aixoise pour poser ses valises. « Ici, je respire. Je n’aurais jamais connu le même développement dans la capitale », assure-t-il.
Dès 2013, une étude de l’OCDE vantait le « taux de création d’entreprises supérieur à la moyenne à Marseille, avec 16,6% dans les Bouches-du-Rhône en 2012 contre 15,3% au niveau national ». Même si elle reste loin de Boston ou Londres, la cité phocéenne se hisse tout de même à la 40ème place des 445 villes les plus innovantes dans le monde, devant Barcelone ou Rotterdam, toujours selon l’OCDE.
• DÉJÀ 40.000 EMPLOIS DANS LE NUMÉRIQUE
Le numérique sur ce territoire, c’est 7.000 entreprises qui génèrent 8 milliards d’euros de chiffres d’affaires en 2014 – soit désormais autant que le secteur portuaire ! La région abrite déjà des acteurs de renom : Gemalto, leader mondial de la sécurité numérique ; Voyage-privé.com qui compte 2 millions de clients ; Allopneus, champion français de la vente en ligne des pneumatiques ; Sodexo…
La cité phocéenne emploie, à elle seule, environ 40.000 personnes dans le numérique. Et d’ici cinq ans, 5.000 postes supplémentaires devraient être créés. Et personne ne doute ici que la relève sera assurée avec Aix-Marseille Université détenant le record de la plus grande faculté francophone du monde avec 77.000 étudiants !
• DES CHANTIERS FARAMINEUX
La région Aix-Marseille ne se repose pas pour autant sur ses lauriers. Les projets s’enchaînent. Aix, qui compte 150.000 habitants, ambitionne de devenir un fort du numérique avec deux grands projets : 1- “The Camp”, un campus à l’américaine qui comprendra 350 logements, 20 startups et 40 PME pour un investissement de 35 millions d’euros ; 2 -“La Constance”, autre pôle de technologie, qui s’étendra sur 16 hectares et nécessitera 15 ans de travaux.
De son côté, la cité phocéenne se transforme avec le projet d’extension 2.0 du Pôle média de la Belle de Mai. A l’avenir, de nouvelles startups, un transmédialab (lieu ouvert de R&D) s’y installeront.
• UNE « SMART CITY », UN ÉCOSYTÈME EXEMPLAIRE
Le premier jalon de cet écosytème bouillonnant est l’ îlot Allar – baptisé « smartseille ». Il s’agit d’une extension du quartier Euroméditerranée, grande opération de rénovation urbaine. En 2018, 58.000 m2 de logements et de bureaux, vont sortir de terre sur 2,7 hectares. Le projet s’inscrit dans une opération plus globale de 480 hectares jusqu’au centre-ville. C’est le plus grand aménagement urbain d’Europe du Sud. Malgré un démarrage lent et encore de gros progrès attendus notamment en terme de transports, la métropole, décomplexée, se déploie à pas de géant.