Les start-up du pays d’Aix ne connaissent pas la crise
Sunpartner qui lève 9,8 M€ de fonds. Crosslux et ses vitrages photovoltaïques 635 000 €, deux ans à peine après sa création. Pour la toute jeune Tapvalue, banco avec 1,6 M€ pour ses algorithmes analysant le comportement pub de l’internaute… Malgré la crise, une myriade de start-up maille le territoire aixois, de nouvelles initiatives apparaissent toujours et quelques-unes bouclent leur développement à vive allure.
Pays d’Aix Développement (PAD), structure portée par la communauté d’agglo, aide avec le dispositif d’amorçage les projets technologiques et innovants depuis dix ans : prêt à taux zéro, remboursement étalé, accompagnement permettent aux bonnes idées de s’épanouir jusqu’à la métamorphose en PME. « Le rythme de nouveaux projets, de l’ordre de 12 par an, ne faiblit pas« , affirme Isabelle Corbin. Sur 2,5M€ de prêts engagés depuis la décennie, PAD compte moins de 200 000€ non remboursés.
Dans le médical, les énergies nouvelles, le numérique ou le biotech, ces start-up sont également couvées par le Centre européen d’entreprise et d’innovation (CEEI) du technopole de l’Arbois ou dans les pépinières innovantes d’entreprises de Meyreuil, Gardanne et Pertuis. Christophe Dartigues, directeur du site de Meyreuil, poursuit : « La crise a un peu impacté la typologie des porteurs de projets. Là où ils venaient seuls défendre leurs idées, ce sont désormais des équipes de quatre à six personnes qui se présentent avec des projets mûrement réfléchis« .
« On trouve toujours des financeurs pour les beaux projets »
« La crise, au contraire, pousse les gens à se lancer, avec la peur du chômage, déjà présente, ou à venir« , poursuit Anne Cécile Baril (CEEI). Anciens d’Atmel ou de STMicroelectronics qui ont conçu un projet sont venus grossir les salariés de grands groupes installés dans la région désireux de monter leur société, soit par incertitude de leur propre avenir professionnel, ou parce que leur entreprise ne les suit pas pour développer leurs innovations.
« Et puis, poursuit Lionel Minassian, directeur de PAD, des Français qui ont fait carrière à l’étranger et nous reviennent, à l’instar de Jacques Souquet : de retour des USA, il a créé Supersonic Imagine, désormais entrée en bourse. Beaucoup d’étrangers conquis par notre art de vivre créent leur boîte en pays d’Aix qui ne manque pas de grandes écoles pour recruter ».
« On trouve toujours des financeurs pour les beaux projets, conclut-il. Avec le phénomène nouveau du financement participatif qui se greffe aux fonds capitaux risque et aides des Business angels. La CPA réfléchit à un fonds de développement pour un dispositif intermédiaire entre l’amorçage et la phase d’entrée sur le marché, ainsi qu’à une plateforme collaborative. » Car si une start-up de TIC (technologies de l’information et la communication) peut exploser en six mois, il faut parfois compter un lustre pour des projets nécessitant expérimentations, certifications et autres contraintes avant la phase industrielle.
Tapvalue crée le traceur de pub comportementale tous écrans
Tapvalue développe une technologie dont il n’existe une application vaguement proche qu’aux États-Unis : le « tracking on line », ou comment proposer à l’internaute la publicité la mieux appropriée pour le conduire à l’acte d’achat. Telle accro du shopping qui consulte des sites d’e-commerce sera par exemple plus appâtée par de la pub sur les cosmétiques que l’amateur de bolides qui cliquera un jour sur une annonce d’assurance tout risque. Tapvalue a inventé le ciblage en temps réel, notamment géographique, sur tous les écrans de l’utilisateur : son smartphone, sa tablette, son ordinateur pour analyse l’ensemble de ses consultations… et sa proximité physique avec la boutique susceptible de le faire craquer.
Frédéric Valette, quadragénaire, installé à Aix, a étudié le commerce. Sa première boîte, CibleClick, est devenue leader du webmarketing avant d’être cédée à un groupe allemand. Après 5 ans consacrés au trading algorithmique, il s’est intéressé au ciblage multi-screen. Avec une équipe de chercheurs jalousement cachés, il a développé le ProfileMatch.
S’il était seul à son arrivée au technopôle de l’Arbois l’été 2012, « dans un tout petit bureau« , se souvient Mathilde Meyer, responsable marketing, ils sont désormais une quinzaine. Tapvalue a ouvert des bureaux à Paris et Londres et effectué une première levée de fonds de 1,6M€ qui va lui permettre d’accroître son développement à l’international, renforcer sa technologie et recruter de nouveaux salariés. Elle a signé de premiers contrats ultra confidentiels. Prix spécial des Trophées de l’innovation Big Data Paris, sélectionnée au Web-Summit de Dublin, la start-up est une « pépite » sûre et ce qui ne gâche rien, avec « une volonté de placer l’humain au coeur du projet, précise Mathilde Meyer : Frédéric Valette tient à ce que ses salariés soient épanouis« . À Tapvalue, on bosse les algorithmes et on fait du VTT dans les pinèdes de l’Arbois dans la bonne humeur.
Quand Adoor sublime… les portes
C’est le genre d’idées dont on se dit : mais pourquoi ne pas y avoir pensé avant ? Décorer une porte. Car une porte nue, c’est triste, cela ne sert qu’à s’ouvrir et se fermer. Alors qu’une porte devenue pan d’expression artistique, espace de rangement, ou mur de photos de familles, c’est tout de même plus chouette.
Lucie est venue s’installer à Aix avec sa petite famille et voulait monter son entreprise après avoir préparé l’IRCE. À un cours de théâtre, elle rencontre Victoire, artiste-peintre qui faute de place, peignait sur des portes jusqu’à ce qu’on lui conseille de développer fissa cette drôle d’idée qu’elle fait breveter.
Adoor est née cet automne et s’est installée au Petit Arbois grâce à l’aide de CEEI. La start-up s’adresse aux particuliers comme aux professionnels avec cette décoration innovante sur-mesure grâce à un concept de tissu qui s’ajuste facilement et fait appel à un noyau d’artistes. Lucie Monell tenait à ce que la fabrication soit française, mais elle n’a pu trouver que dans la région lilloise l’entreprise qui produit pour elle les pans de tissus désirés. Et sans solvant.
Un premier lancement presse a été salué par le monde de la décoration parisien, et la start-up recherche ses premiers gros clients, avec quelques touches dans de l’événementiel… mais chut. « On crée de nouveaux besoins, reconnaît Lucie Monell , partant d’une page blanche, on peut faire ce qu’on veut« .
Carole Barletta
Source : La Provence : http://www.laprovence.com/article/economie/2864577/les-start-up-du-pays-daix-ne-connaissent-pas-la-crise.html
AIX-EN-PROVENCE / PUBLIÉ LE LUNDI 05/05/2014 À 05H26
Journaliste : Carole Barletta